I Don’t Need the Grand Duke’s Regret (Novel) - Chapitre 2
Alors que la chaleur montait, Armilla serra la mâchoire. Puis elle mordit la langue de Ricardo de toutes ses forces.
Ricardo fronça les sourcils et recula. Du sang rouge coula de sa bouche. Il essuya ses lèvres du revers de la main et haussa un sourcil.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Je vous en prie.
Une voix tremblante s’accrocha aux oreilles de Ricardo alors qu’il crachait le sang dans la neige blanche. Armilla, déjà ravagée par les larmes, frissonna et supplia :
— Je vous en prie, laissez-moi partir…
— Pourquoi tremblez-vous autant ?
Ricardo, qui observait Armilla avec attention, écarta d’un geste ses mèches sombres et éparses. Agacé par la tempête qui ne faiblissait pas, il ajouta d’un ton ennuyé :
— Avez-vous froid ?
— Votre Grâce, vous n’avez plus besoin de moi. Si vous vous mariez officiellement, je pourrai…
— Prenons un bain ensemble en rentrant au château. Cela fait longtemps.
— Je vous en prie !
Armilla cria, interrompant Ricardo qui l’ignorait. À son cri désespéré, il retroussa les lèvres dans un sourire moqueur.
— Vous laisser partir ?
D’un pas assuré, Ricardo réduisit la distance entre eux. Il planta son regard dans celui d’Armilla et saisit son poignet frêle.
— Pourquoi ?
Les veines de sa main se tendirent alors qu’il la maintenait fermement. Son regard brûlant se posa sur elle tandis qu’il murmurait :
— Pourquoi devrais-je vous laisser partir ? Vous m’appartenez, pourquoi ?
— Lâchez-moi.
Un sanglot étouffé s’échappa d’Armilla. Le vent glacé s’engouffra entre eux.
Ricardo, silencieux, la fixa longuement. Puis ses yeux aiguisés s’adoucirent soudainement.
— Cela suffit. Rentrez avec moi.
Un sourire paresseux apparut sur son visage tandis qu’il parlait d’un ton nonchalant. Ses yeux brillèrent d’un éclat menaçant.
— Si vous continuez, je vais vraiment m’énerver.
Armilla, le voyant ignorer ses supplications, serra les dents. Puis elle mordit violemment la main qui retenait son poignet.
— Quoi… !
Surpris, Ricardo sursauta et lâcha prise. Armilla en profita pour reculer et tira un poignard de son corsage.
— Où avez-vous trouvé ce poignard ?
Fixant la morsure sur sa main, Ricardo fronça les sourcils.
Armilla ne répondit pas. Elle peinait déjà à maintenir la lame sans trembler.
Ricardo observa son geste maladroit et éclata de rire.
— Vous êtes terrifiée.
Il avança tranquillement vers elle, indifférent à la menace. Pour lui, habitué aux champs de bataille, ce n’était rien.
Un enfant brandissant une épée de bois aurait été plus inquiétant.
Armilla le savait. Alors, elle porta la lame à sa gorge.
— Armilla !
— Bon sang, baissez ce poignard !
Lorsqu’elle appuya la lame contre sa peau pâle, traçant une ligne rouge vive, Ricardo s’immobilisa. Son visage, d’ordinaire impassible, se crispa.
— Êtes-vous folle ? Vous allez vous blesser !
— Ne vous approchez pas.
La voix d’Armilla était résolue. La lumière se refléta sur la lame tremblante, illuminant les pupilles sombres de Ricardo. Il s’arrêta net.
Armilla le fixa avec une tristesse amère.
— Si vous faites un pas de plus, je me tue ici-même.
— D’accord. J’ai compris. Calmez-vous.
À cette menace, Ricardo se radoucit. Il leva lentement les mains, le visage blême, et déclara nerveusement :
— Bon sang, j’ai dit que j’ai compris. Baissez ce poignard. Je ferai tout ce que vous voudrez.
— Laissez-moi partir.
Le silence fut sa seule réponse. Lui qui l’avait tant raillée et acculée, demeurait muet. Armilla le regarda avec mépris.
Tout ce qu’elle voulait entendre, c’était ces simples mots.
Si Ricardo les prononçait, peut-être pourrait-elle encore l’aimer. Mais il ne les dirait jamais. Cette indifférence l’avait menée jusque-là.
— Armilla !
La lame s’enfonça davantage dans sa peau. Ricardo perdit patience et hurla.
— Posez ce poignard !
— …
— Si vous le posez, j’oublierai votre tentative de fuite. Je vous achèterai tout ce que vous voudrez. Tout ce que vous désirez…
Armilla sourit tristement. Son regard se perdit dans celui de Ricardo, qui parlait dans le désordre.
— Je n’ai besoin de rien.
Elle raffermit sa prise sur le poignard. À ce geste, Ricardo, en proie à une panique visible, ouvrit de grands yeux.
— Attendez…
Armilla prit une inspiration profonde.
— Non !
Le cri de Ricardo retentit. Le sang rouge se répandit sur la neige immaculée. Le poignard tomba dans la poudreuse, et un hurlement se mêla au vent hurlant.
***
Aidez-moi.
C’est la première chose que je lui ai dite.
****
Hé, hé !
Le bruit du cocher tirant sur les rênes pour calmer les chevaux se répercuta dans le jardin. Tandis que le carrosse doré approchait lentement de l’entrée du manoir, des domestiques vêtus d’uniformes noirs sortirent en hâte de la demeure. Ils se rangèrent en ligne, parfaitement ordonnés, les mains jointes avec discipline.
— Bienvenue.
Le majordome n’adressa pourtant pas son salut au carrosse à deux roues, mais au cheval sombre galopant à ses côtés.
L’homme en selle jeta un bref regard au majordome aux cheveux grisonnants avant de descendre avec aisance.
Même en quittant son cheval de grande taille, chacun de ses mouvements demeurait fluide, précis, dénué de tout tremblement ou geste superflu. Comme s’il était né pour chevaucher.
Tandis que le grand homme retirait lentement ses gants de cuir noir et franchissait l’entrée du manoir, plusieurs servantes postées derrière l’observèrent avec des joues empourprées.
— Je vais essuyer la neige, Maître.
L’une d’elles trouva le courage de s’avancer timidement. Mais le majordome lui lança un regard sévère, la clouant sur place.