The Fallen Fruit Under the Paradise (Novel) - Chapitre 12
⚠️ Attention ⚠️
Ce roman peut contenir des scènes s£xuelles explicites et potentiellement des descriptions de viol ou d'agression s£xuelle.
— Pardon ?
— Allons-y ensemble.
— ……
— Je vous accompagne.
Un sourire familier se dessina sur son visage en s’approchant d’elle.
Elle l’avait déjà ressenti auparavant : il avait cette manière amicale et désinvolte de se comporter. Comme s’il savait parfaitement que son apparence était une arme redoutable et qu’il n’hésitait pas à croiser le regard des autres, à se rapprocher pour mieux les envoûter.
Même maintenant, en lui faisant cette étrange proposition, il agissait de la même manière.
— N’êtes-vous pas trop occupé pour vous soucier autant de moi ?
Surprise, elle finit par poser la question. Ulrich haussa simplement les épaules.
— Prendre une journée de repos ne fera pas couler mes affaires.
— ……
— Eh bien.
— ……
— Hm ?
Même un chiot affamé ne supplierait pas ainsi.
Lisbell fixa Ulrich, mal à l’aise.
Elle voulait refuser. Elle sentait que cela poserait problème à bien des égards. Mais quelque chose la retenait.
Quelque chose qui lui restait en tête.
Une phrase troublante qu’elle avait entendue. Une phrase qui la hantait depuis.
Une remarque glaciale, comme prononcée par quelqu’un rongé par une tristesse de longue date…
Elle n’était ni médecin ni psychologue, mais elle savait que les personnes dans cet état nécessitaient une attention particulière. Qu’il valait mieux éviter qu’elles ne s’enferment dans un espace restreint, réduisant leur champ d’action…
Et malheureusement, cette conversation sur le suicide s’était tenue dans un bureau isolé. Le son râpeux de la plume sur le papier ce jour-là résonnait encore à ses oreilles.
— …
Ulrich, en face d’elle, esquissa un sourire froid en la voyant absorbée dans ses pensées. Il devinait aisément ce qui la préoccupait.
Tout à l’heure, en l’observant à travers la vitre du couloir, il avait vu son inquiétude. Comme si elle surveillait un enfant trop proche de l’eau. Et ce n’était pas la première fois.
Depuis le jour où elle l’avait entendu parler de la mort, elle ne cessait de manifester son anxiété.
Ou plutôt, elle pensait la cacher.
Mais pour Ulrich, il était facile de voir clair en elle.
Peut-être était-ce ce syndrome angélique propre aux enseignants en devenir, ou simplement sa nature bienveillante. Quelle que soit la raison, elle semblait s’inquiéter pour lui.
Elle ne croyait pas à ses tentatives désinvoltes de tourner cela en plaisanterie.
À juste titre.
Parler de quitter ce monde avant trente ans était une rengaine qu’Ulrich répétait depuis la fin de ses études.
Tout le monde naît dans l’ignorance.
Comme une étendue de neige immaculée. Comme une page blanche, sans la moindre marque.
Puis un point apparaît.
C’est le désir primitif.
Un minuscule germe de curiosité, un embryon de volonté. On satisfait ces envies une à une, découvrant la réussite et l’échec, les joies et les déceptions qui les accompagnent.
La vie devient alors une longue quête pour assouvir ces désirs contradictoires.
Mais c’est là que réside le problème.
À mesure que ces désirs sont comblés, ils perdent inévitablement de leur intensité. Le plaisir de la première fois s’érode avec la répétition. Et peu à peu, la seconde et la troisième fois deviennent fades.
Jusqu’à ce que tout devienne insipide.
Rien n’éveille plus d’excitation ou d’intérêt…
C’était exactement ce qu’Ulrich ressentait.
Ayant expérimenté tous les plaisirs possibles dès son enfance, il trouvait que la vie, après l’université, n’était qu’une série d’actes prévisibles, répétitifs, sans saveur. Le monde n’avait pas perdu sa couleur… c’était son propre esprit qui s’était émoussé. Sinon, pourquoi tout lui semblait-il aussi monotone, aussi vide ?
Sa remarque sur le fait de ne rien ressentir pour cette existence morne n’était pas une provocation. C’était devenu une habitude, aussi naturelle que respirer.
Même dans le manoir familial, son entourage s’alarmait au début quand il tenait ces propos. Cela l’amusait. Mais avec le temps, l’effet s’émoussa, et on ne l’écouta plus.
Sa mère, qui pleurait autrefois en l’entendant, se contentait désormais de soupirer, disant que c’était une nouvelle lubie. Tandis que Gwen Altahart, moqueuse, lui suggérait d’écrire son testament et de léguer ses parts d’hôtels et de grands magasins à son frère aîné avant de tirer sa révérence.
Par pure provocation, Ulrich s’était alors promis que si jamais il rédigeait un testament, il vendrait tout et donnerait ses biens à des œuvres de charité.
Enfin… passons sur les délires de sa famille.
Cela faisait bien longtemps que quelqu’un ne s’était pas soucié de lui de manière aussi palpable, aussi sincère.
C’était… vivifiant.
Une réaction vibrante, authentique.
Mais plus il y pensait, plus cela le faisait sourire.
Le problème, c’était qui s’inquiétait pour lui.
Elle n’était qu’une simple roturière. Une fille ordinaire, qui ferait mieux de se soucier de ses propres problèmes plutôt que des siens.
Et pourtant…
Chaque fois qu’il croisait son reflet dans ces grands yeux violets, purs et innocents, il ressentait la même chose.
De la pitié.
Quelle audace. Quelle impertinence.
Comme une petite souris léchant l’épine plantée dans la patte d’un fauve.
Rien que d’y penser, cela le faisait rire.
Mais il y avait quelque chose d’inédit dans son attitude.
Pas seulement dans son comportement, mais aussi dans ce qu’elle provoquait en lui.
Cette étrange impulsion à jouer l’enfant capricieux face à sa compassion.
C’était… nouveau.
Il voulait tester jusqu’à quel point elle pouvait l’accepter.
Si, après avoir dit qu’il voulait mourir, il lui demandait une fellation, hésiterait-elle comme maintenant avant de finalement obtempérer ?
Ces impulsions survenaient de manière sporadique, comme si son lobe frontal endommagé tressaillait, mélange étrange d’envies malicieuses et démoniaques.
—Si vous êtes prêt à faire ça…
Accepter si facilement, alors que même respirer dans le même espace lui semblait inconfortable, relevait d’une pitié présomptueuse.
Pensant que c’était une occasion rare de recevoir la compassion d’une roturière, Ulrich laissa un sourire éclatant effleurer ses lèvres.
— Le timing est un peu maladroit aujourd’hui. Chez le tailleur, ça risque de prendre du temps… Que diriez-vous de demain ?
Lisbell hocha vivement la tête. Comme en réponse à son sourire.
La voix du passé, celle qui rêvait de devenir enseignante, résonna en écho.
Ulrich plissa les yeux en souriant, comme s’il fronçait les sourcils.
***
Le centre-ville de Marnia, rue Boilek.
Une voiture vert-jaune s’approcha en douceur. Une teinte unique, assez voyante pour attirer l’attention sans être criarde. Un luxe confortable.
Un homme sortit du siège conducteur.
Il portait un gilet beige clair sur une chemise blanche, sans la moindre trace d’une cravate contraignante. Une tenue décontractée, élégante sans être guindée, en parfaite harmonie avec l’allure feutrée du véhicule.
Il fit le tour du capot et ouvrit la portière passager.
Une femme hésita avant de descendre.
Sa tenue n’avait rien de remarquable : un chemisier sobre sous une jupe godet modeste. De fines bas de soie et des ballerines brunes sans la moindre harmonie esthétique, une combinaison choisie sans réel souci d’élégance.
Mais son visage était tout autre. Ses traits délicats, sculptés avec précision sur un visage fin, la rendaient indéniablement belle.
Les mêmes yeux, le même nez, la même bouche que n’importe qui… et pourtant, son charme était évident.
Le plus frappant restait ses iris violets, captivant le regard et le retenant.
Son apparence était modeste, mais si elle s’habillait selon les tendances du moment, elle pourrait sans peine attirer l’attention de n’importe quel homme.