The Fallen Fruit Under the Paradise (Novel) - Chapitre 15
⚠️ Attention ⚠️
Ce roman peut contenir des scènes s£xuelles explicites et potentiellement des descriptions de viol ou d'agression s£xuelle.
Lisbell fut prise de court.
Aussi franc et spontané que l’on puisse être, était-il vraiment acceptable de dire tout ce qui nous passait par la tête, sans le moindre filtre, en face de quelqu’un ?
Cependant, Ulrich était si sûr de lui, si imperturbable, qu’il était difficile de qualifier son attitude d’impolie. Son arrogance semblait faire partie intégrante de son charisme naturel. À en juger par l’atmosphère, elle avait presque l’impression qu’elle devait lui être reconnaissante de ce conseil inattendu.
— … Pourquoi ?
Fondamentalement, elle était curieuse.
Il lui arrivait de dire des choses insensées, mais cette fois, cela ne ressemblait pas à une remarque lancée au hasard. Parfois, ses paroles et ses actes paraissaient si calculés qu’elle avait l’impression qu’il anticipait les réactions qu’ils allaient provoquer. Comme s’il était un maître dans l’art de la mise en scène.
Elle ne pouvait donc pas simplement balayer son commentaire d’un revers de main.
En toute honnêteté, elle voulait savoir pourquoi il pensait cela. Devenir enseignante était un rêve qu’elle nourrissait depuis longtemps. Nombre de ses projets d’avenir tournaient autour de cette idée. Entendre soudainement qu’elle n’en avait pas l’étoffe était un choc.
— Pourquoi dites-vous cela ?
Ulrich se contenta d’esquisser un sourire énigmatique avant de boire une gorgée. Il n’était visiblement pas prêt à donner une réponse claire.
— Mais plus important encore, qu’avez-vous apporté ?
Il avait habilement changé de sujet.
Lisbell aurait voulu insister, mais elle abandonna en voyant qu’il ne comptait pas répondre. À la place, elle saisit la boîte posée à côté d’elle.
Ulrich haussa un sourcil, son expression s’illuminant un instant de curiosité.
— Je l’ai achetée chez le tailleur que nous avons visité l’autre jour. C’est un cadeau pour vous.
— Pour moi ?
— Oui. Je vous suis redevable pour ces derniers jours. Grâce à vous, j’ai enfin pu passer du temps paisible avec ma mère.
— Puis-je l’ouvrir ?
— Bien sûr.
Elle déglutit nerveusement.
Son cœur battait un peu plus vite. L’anxiété mêlée à l’anticipation de voir sa réaction lui parcourait tout le corps.
Les doigts longs et fins d’Ulrich défirent le ruban qui scellait la boîte. Il en souleva le couvercle, révélant une cravate soigneusement pliée au centre.
— Une cravate ?
— Oui. Je ne connaissais pas vos goûts, alors j’ai pris le modèle le plus classique.
— ……
— Vous en avez peut-être déjà une semblable… Si elle ne vous plaît pas, vous pouvez toujours la donner à quelqu’un ou ne pas la porter souvent. Et si vraiment, vraiment elle ne vous plaît pas, vous pouvez même la jeter… Après tout, c’est un cadeau que j’ai choisi sur un coup de tête…
Plus Ulrich observait la boîte en silence, plus Lisbell se mettait à bafouiller.
Finalement, il bougea.
Il déroula lentement la cravate, puis l’enroula autour de son cou avant de la nouer avec aisance sous le col ouvert de sa chemise.
Quelques instants plus tôt, il dégageait une impression de nonchalance, presque d’indolence. Mais en une fraction de seconde, l’ajout de cet accessoire lui donnait une allure beaucoup plus soignée et élégante. Pourtant, son charme envoûtant restait intact.
— Comment cela me va-t-il ?
— ……
— Est-ce joli ?
La question était enfantine, mais Lisbell ne pouvait que la comprendre.
La cravate lui allait encore mieux qu’elle ne l’avait imaginé.
Elle ne savait pas pourquoi il n’en portait jamais, mais, pendant une fraction de seconde, elle en ressentit presque du ressentiment. Elle aurait voulu le voir ainsi plus tôt. Elle avait toujours pensé que son allure négligée lui correspondait mieux, mais cette apparence-ci possédait un charme indéniable. Qu’il soit vêtu avec désinvolture ou avec raffinement, il exerçait une attraction irrésistible.
— Est-ce si affreux ?
Face à son silence, Ulrich baissa la tête pour s’observer.
— Non ! Elle vous va très bien.
— ……
— Tellement bien que je ne peux pas m’empêcher de vous regarder.
Ses inquiétudes s’évanouirent aussitôt. Elle était heureuse d’avoir choisi un modèle sobre. Avec son physique naturellement avantageux, même une cravate plus audacieuse lui aurait convenu, mais la simplicité de celle-ci la rendait élégante et distinguée sur lui.
Voyant Lisbell agiter les mains, soucieuse d’un possible malentendu, Ulrich esquissa un sourire. Puis, il attrapa l’extrémité de la cravate et y déposa un baiser.
Ce geste, aussi naturel que troublant, lui coupa le souffle.
— Merci. Je la chérirai.
Ah… Elle venait de trouver le mot parfait pour le décrire.
Séduisant.
Oui, c’était exactement cela.
Jusqu’à présent, la signification littéraire du mot lui avait semblé abstraite. Mais à cet instant précis, elle en comprenait pleinement le sens. Elle n’avait pas besoin de chercher plus loin. La chaleur étrange qui envahissait ses oreilles en était la preuve.
— Lisbell, avez-vous froid ?
Il désigna sa blouse rose pâle d’un regard. Elle était adaptée à la chaleur de l’après-midi, mais insuffisante pour la fraîcheur du soir.
Effectivement, le vent du soir était plus frais qu’elle ne l’avait cru.
Le regard gris-bleu d’Ulrich suivit la ligne de son col légèrement entrouvert, frôlant la peau délicate de son cou.
— Votre peau est très claire.
— ……
— Comme un flocon de neige.
Il murmura ces mots d’une voix plus douce, presque comme s’il se parlait à lui-même. Lisbell ne savait comment réagir face à cette étrange sensation qui s’emparait d’elle.
Soudain, quelque chose de tiède effleura l’arrière de sa nuque.
Lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait du doigt d’Ulrich, elle tressaillit.
Amusé par sa réaction, il retira la cravate de son cou… et la noua autour du sien.
Elle était trop bouleversée pour bouger.
Sssk, sssk.
Le frottement du tissu contre le tissu résonnait dans l’espace restreint qui les séparait.
Lisbell avala sa salive, presque malgré elle.
Elle ne comprenait ni pourquoi il faisait cela, ni pourquoi elle-même restait figée, mais elle avait l’intuition qu’elle ne devait pas bouger. Ses paumes devinrent moites sous l’effet d’une tension inexplicable.
Dans ce silence pesant, leurs regards se croisèrent à plusieurs reprises, et chaque fois, un frisson glacé lui parcourut l’échine.
Puis, elle pensa à Théodore.
Son fiancé. Son futur époux. Son compagnon de vie.
Peu importait la façon dont elle le décrivait, il représentait un refuge rassurant, un point d’ancrage immuable dans son existence.
Mais à cet instant précis, ce n’était pas ce sentiment familier qui l’habitait. C’était comme si quelque chose s’effondrait en elle, laissant un vide béant dans sa poitrine. Une sensation inconfortable, impossible à exprimer avec tous les mots qu’elle avait appris au fil des ans…
— ……
— ……
Leurs regards se croisèrent encore une fois.
Dans l’iris pâle d’Ulrich, une lueur plus féroce qu’il n’y paraissait vacilla. Comme des tourbillons dangereux agitant la surface d’un océan en apparence paisible.
Ce fut l’espace d’un instant.
Ulrich attrapa la cravate autour de son cou et tira doucement, mais fermement, vers lui.
— … !
Par pur réflexe, Lisbell leva la main pour interposer une barrière entre leurs lèvres.
C’était de justesse.
Une seconde d’hésitation de plus…
Son cœur battait à tout rompre, s’écrasant contre sa poitrine dans un désordre affolé.
Elle sentit son souffle se mélanger au sien. Ses yeux tremblaient tandis qu’elle tentait désespérément de calmer la tempête qui grondait en elle.
De l’autre côté de sa main, les lèvres d’Ulrich restaient figées, mais son regard brûlant continuait de la fixer intensément.
Elle eut l’impression d’être sur le point d’être dévorée. Qu’au moindre relâchement, elle se ferait engloutir tout entière.
Sa gorge se serra douloureusement.
C’était inutile de nier l’évidence.
L’inclinaison du visage d’Ulrich, si proche d’un baiser. Sa propre main, dressée en rempart. Ce duel silencieux entre le danger et la retenue.
Ils savaient tous les deux.
La cravate serrée autour de son cou la brûlait, mais elle ne pouvait même pas s’en préoccuper. Son cœur cognait si fort que les battements semblaient se répercuter dans tout son être. Ses pensées étaient en vrac, impossible à rassembler. Plus elle tentait de retrouver un semblant de lucidité, plus elle se sentait vaciller.
C’était une catastrophe.
Plus elle réalisait ce qui avait failli arriver, plus l’image de Théodore s’imposait à son esprit. Et plus elle tentait de mettre un mot sur ce qu’elle ressentait, plus le poids dans sa poitrine devenait oppressant.
Il fallut encore quelques battements pour qu’elle parvienne à définir cette sensation.
De la culpabilité.
C’était, sans l’ombre d’un doute, de la culpabilité.